jeudi 24 mai 2012

La crise malienne est partie pour durer

Slate Afrique - Comment empêcher le Mali de se fragmenter davantage?

Gilles Yabi - Arrêter cette course folle vers l’effondrement de l’Etat malien doit en effet être la priorité pour les Maliens, la Cédéao et l’ensemble de la communauté internationale. Il n’y a malheureusement plus de solution miracle à une crise qui est partie pour durer. La condition nécessaire mais pas suffisante à la mise en place d’un cadre politique et sécuritaire permettant un retour progressif de l’Etat au nord est la clarification de la situation à Bamako (capitale du Mali). Il faut soutenir le gouvernement civil incarné par le Premier ministre Modibo Diarra et le président intérimaire Dioncounda Traoré, quoiqu’on pense des qualités et des défauts de ces personnalités, maintenir la pression sur les meneurs de la junte et leurs soutiens politiques tout en veillant à ne pas fragiliser davantage l’armée malienne. Remettre sur pied l’Etat, c’est redonner de la crédibilité et de l’autorité aux autorités civiles mais c’est aussi aider à restructurer l’appareil militaire. Mais on perd actuellement beaucoup de temps à Bamako dans de vaines querelles pendant que les groupes armés s’installent confortablement et durablement au nord, et imposent leur loi aux populations civiles.


Slate Afrique - La Médiation du Burkina Faso est-elle efficace? Blaise Compaoré exerce-t-il une grande influence sur les acteurs politiques? Détient-il les clés de la sortie de crise?


G.Y. - Il n’y a pas à rechercher un sauveur à Bamako ni un médiateur providentiel au niveau de la région pour régler une telle crise. La médiation est d’abord celle de la Cédéao et pas uniquement celle du Burkina Faso. Le président Compaoré joue indubitablement un rôle prépondérant parce qu’il dispose d’un réseau dans la région lui permettant de discuter avec à peu près tout le monde. C’est aussi un fait que le Premier ministre Diarra et encore davantage le nouveau ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères sont proches depuis longtemps du président Compaoré. Ce dernier a aussi dans son entourage des hommes qui connaissent des acteurs importants des groupes armés du nord-Mali. Compaoré dispose d’atouts significatifs pour conduire la médiation de la Cédéao mais le cadre d’éventuelles discussions sur le nord-Mali ne doit pas être élaboré dans l’opacité et c’est le gouvernement malien, soutenu par tous les corps sociaux qui ne cèdent pas à un nationalisme improductif, de s’assurer que l’intérêt général du pays est préservé.   


Slate Afrique - La Cédéao peut-elle contribuer à la sortie de crise?


G.Y. - Elle fait ce qu’elle peut. Si elle n’existait pas, la situation au Mali ne serait pas meilleure. L’organisation régionale a encore beaucoup de faiblesses et de limites mais son activisme, guidé sur quelques principes forts inscrits dans ses textes, a permis un retour certes laborieux et incomplet à l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat. Pour la majorité des populations au Mali et ailleurs, qui doivent se battre au quotidien pour faire face à leurs besoins vitaux, la rengaine des intellectuels sur le retour à l’ordre constitutionnel est sans doute lassante et perçue comme futile. Mais dès lors qu’on s’affranchit de tous les principes et des règles qui régissent la vie d’un Etat, tout devient possible, y compris l’agression physique d’un président dans son bureau. Ce que la Cédéao a jusque-là obtenu au Mali n’est pas négligeable, et elle est aussi écoutée par les acteurs internationaux (Conseil de sécurité de l’Onu et les Etats membres les plus puissants) qui sont incontournables dans la gestion de la crise malienne qui menace toute la région. Sans, ou pire encore, contre la Cédéao, je ne vois pas ce qu’un Etat malien plus faible et divisé que jamais, peut faire.


Slate Afrique - Si la Cédéao envoie des troupes, celles-ci ne risquent-elles pas  de se trouver impliquées dans des affrontements armés de grande envergure, notamment dans le Sud?


G.Y. - La Cédéao est consciente depuis le début des risques qui seraient liés à l’envoi de troupes au Mali. Personne n’a envie d’envoyer ses soldats dans un environnement hostile. De là à craindre des affrontements armés de grande envergure à Bamako en cas de débarquement de troupes de la Cédéao… On n’en est pas là. La Cédéao a maintenant clairement indiqué qu’elle ne déploierait une mission que sur la demande des autorités maliennes. Serait-ce logique pour des militaires qui demandent une aide logistique et des équipements à la Cédéao et prétendent vouloir reconquérir le nord de tirer sur des troupes qui seraient envoyés par la même organisation?


Slate Afrique - Quel rôle joue l’Algérie dans la crise malienne? Peut-elle contribuer à une sortie de crise?


G.Y. - L’attitude de l’Algérie est souvent qualifiée d’ambiguë. Il est difficile de savoir si les autorités algériennes ont des propositions à faire pour aider à résoudre la crise. Un des problèmes –la présence du groupe Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali depuis neuf ans– est un produit des années de terrorisme en Algérie. On peut penser qu’Alger préfère voir les groupes résiduels terroristes s’installer hors de son territoire. Mais l’Algérie abrite aussi depuis 2010 le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc installé à Tamanrasset dans le sud) des pays dit du «champ» (Algérie, Mauritanie, Niger et Mali) censé lutter contre les groupes armés qui entretiennent l’insécurité dans l’espace sahélo-saharien.


Avant le coup d’Etat de mars dernier, et alors que la rébellion du MNLA couvait, l’Algérie avait pour la première fois envoyé quelques instructeurs militaires au Mali. L’Algérie est contre le principe d’interventions militaires étrangères au nord-Mali, mais elle ne donne pas l’impression de vouloir intervenir elle-même, malgré son statut de puissance militaire régionale. Elle n’a pas forcément tort. Ce qui est nécessaire, c’est pour la Cédéao qui a jusque-là le leadership sur la crise malienne, c’est d’associer l’Algérie et la Mauritanie, non membres de la Cédéao, à ses efforts diplomatiques. L’agenda doit cependant rester malien.


Slate Afrique - Quel rôle jouent les puissances occidentales ?


G.Y. - Elles observent de très près les évènements au Mali, surtout au nord, en raison de la crainte d’une prise de contrôle durable de groupes armés islamistes d’un aussi grand espace et du risque que cela favorise une exportation du terrorisme vers des territoires plus stratégiques pour elles que le Mali. L’Europe est sans doute particulièrement inquiète compte tenu de la proximité géographique du Sahel. La France a des intérêts importants dans la région, le plus évident et le plus stratégique étant l’uranium du Niger, dont les gisements ne sont pas très éloignés du Nord-Mali où s’installe le désordre. Les Etats-Unis ont investi dans la formation des armées de la région, y compris l’armée malienne, sur la lutte anti-terroriste depuis des années dans le cadre d’un programme tout à fait officiel du Ministère de la Défense et du Département d’Etat. Ces puissances agissent prudemment dans la situation actuelle, en maintenant un contact étroit avec les gouvernements de la région et avec la Cédéao qui ne pourra pas se passer de leur soutien financier et peut-être militaire selon les évolutions à venir. Elles sont aussi attentives à la position de l’Algérie qui a une relation privilégiée avec les Etats-Unis dans le domaine sécuritaire et une relation bien plus compliquée avec la France, comme chacun le sait.   


Slate Afrique - La France est-elle active dans la recherche d’une sortie de crise? Comment le nouveau pouvoir français compte-t-il gérer le dossier malien?


G.Y. - Sur le plan politique intérieur, une donnée toujours importante et parfois centrale pour la définition de la politique extérieure, l’avenir des otages français retenus dans le Sahel est une préoccupation majeure. Le risque de l’installation d’un «Etat islamiste» au Nord-Mali en reprenant les mots de l’ancien président français est aussi une préoccupation pour les nouvelles autorités françaises, mais l’équipe Afrique de François Hollande a sans doute besoin d’un peu de temps pour donner de nouvelles orientations sur ce dossier. On peut s’attendre à un changement de style dans la communication officielle, mais l’action de la diplomatie française sera assujettie aux développements à Bamako et au niveau de la Cédéao.    


Slate Afrique - Quels sont les risques de propagation de la crise au-delà des frontières du Mali? L'arrivée de djihadistes venus du Pakistan et d'autres pays d'Afrique et du Moyen-Orient peut-elle avoir de graves conséquences sur l'avenir du Mali et de la région?


G.Y. - Les risques sont réels. C’est pour cela que des pays comme le Niger et la Mauritanie, mais aussi le Nigeria qui n’arrive pas à contenir l’activité terroriste de Boko Haram dans son nord, sont particulièrement mobilisés. Les Etats de la région n’ont pas les moyens de contrôler efficacement leurs frontières, ce qui signifie que des candidats au terrorisme et des armes peuvent passer aussi bien du nord au sud que de l’ouest à l’est, exportant l’insécurité dans l’ensemble de la région. Il n’y a pas d’appétit en Afrique de l’Ouest pour l’extrémisme religieux et encore moins pour un combat décentralisé à coups d’attentats terroristes et de prises d’otages, contre l’Occident dans la logique d’Al Qaida. Mais il ne suffit en réalité que d’un tout petit groupe de personnes motivées, ouest-africaines ou étrangères  à la région, de quelques leaders, d’argent et d’armes pour faire très mal à un pays. Il ne faut pas ignorer les conséquences économiques et sociales déjà graves d’une crise comme celle qui secoue le Mali. Malgré la corruption, le laxisme, des investissements insuffisants dans l’éducation et dans la modernisation des régions, l’économie malienne a progressé régulièrement pendant les vingt dernières années depuis la démocratisation des années 1991-1992.


D’abord et avant tout parce que le pays était stable et avait une bonne réputation. La crise actuelle va irrémédiablement fait reculer ce pays de plusieurs années sur le plan économique, social et sur le plan des libertés, donc de tout ce qui finalement rend les femmes et les hommes de ce pays plus heureux ou plus malheureux chaque jour. Quand un pays comme le Mali se grippe brutalement sur le plan économique, et que des dizaines de milliers de personnes sont déplacées ou réfugiées dans les pays voisins, les conséquences sont également dramatiques pour les perspectives de progrès dans l’ensemble de la région. L’Afrique de l’Ouest ne peut sortir de la pauvreté si un pays doit entrer en crise dès qu’un autre en sort. Je pense bien sûr à la Côte d’Ivoire qui essaie de se reconstruire. 


Propos recueillis par Pierre Cherruau

Mali: la menace d’un effondrement de l’Etat

Slate Afrique - Le capitaine Sanogo (auteur du coup d'Etat du 22 mars) contrôle-t-il réellement l’armée malienne?

Gilles Yabi - Le Mali est dans une situation marquée par une confusion générale et cela est vrai aussi bien sur le plan politique que militaire. On ne peut pas parler de contrôle de l’armée comme s’il s’agissait encore d’un bloc homogène avec un commandement perçu comme légitime par les membres des différents corps.

Les affrontements, il y a quelques semaines, entre les bérets verts, dont fait partie le capitaine Sanogo, et les bérets rouges, qui étaient proches de l’ancien président Amadou Toumani Touré (au pouvoir jusqu’au 22 mars 2012), ont montré que tous les militaires n’étaient pas solidaires avec la junte. Mais le dénouement de cet épisode a aussi prouvé que la junte de Kati disposait d’une base solide au sein de l’armée, ou du moins, qu’elle n’était pas rejetée massivement par la majorité des troupes.
Sanogo en est sorti renforcé. Il rassemble derrière lui ceux qui dans l’armée en voulaient depuis des années aux officiers et sous-officiers perçus comme étant personnellement proches de l’ancien président et collectivement accusés de corruption et de tous les autres maux.

SlateAfrique - La convention nationale peut elle déboucher sur une sortie de crise ? 


G.Y. - Le projet de convention nationale a été rejeté par le président intérimaire Dioncounda Traoré et par un grand nombre de partis politiques. Ce fut déjà le cas lorsque le capitaine Sanogo agitait cette proposition pour essayer de se maintenir à la tête de l’Etat après le putsch, et cherchait à montrer à l’opinion publique internationale que la junte bénéficiait du soutien de la population malienne.

Une convention nationale ou une conférence nationale n’est jamais en soi une solution à une crise. Elle ne peut aboutir à un résultat positif pour un pays que lorsque certaines conditions sont réunies, à commencer par une préparation minutieuse dans un contexte dépassionné. Toutes les composantes de la société politique et civile malienne n’ont jamais été autant divisées qu’en ce moment. Ce n’est pas dans un tel contexte qu’on peut organiser une convention nationale susceptible de décider d’une feuille de route pour sortir d’une crise profonde et multiforme.

Slate Afrique - Des affrontements sont-ils à craindre entre différentes factions de l’armée? 


G.Y. - Les affrontements ont déjà eu lieu entre factions de l’armée en pleine ville et cela fut un choc pour les populations de Bamako, une des villes les plus tranquilles en Afrique de l’Ouest. Pour des personnes comme moi qui ont vécu il n’y a pas si longtemps à Bamako, ces affrontements armés ont aussi représenté une tragédie à laquelle il fallait mettre fin au plus vite. Le coup d’Etat a ouvert la porte à toutes les dérives et on ne peut plus rien exclure, y compris de nouvelles tensions au sein de l’armée susceptibles de dégénérer en confrontations violentes.

On peut espérer que la clarification institutionnelle permette de réduire significativement ce risque en créant les conditions d’une remise sur pied de la chaîne de commandement des armées. L’attaque violente ce 21 mai sur le président intérimaire, alors qu’il était dans son bureau, est cependant l’illustration que tout est désormais possible au Mali, y compris le pire.

Slate Afrique - Le Sud du Mali est-il lui aussi menacé de fragmentation? 


G.Y. - Le risque n’est pas celui d’une fragmentation semblable à ce qui se passe dans le nord, avec la présence de divers groupes armés contrôlant des villes, des quartiers de ville et des villages. Au sud, la menace est celle d’un effondrement de l’Etat à la fois dans sa légitimité et dans sa capacité à offrir aux populations la sécurité et les services sociaux et économiques de base. La perte de contrôle total des trois régions du nord et le coup d’Etat  Bamako ont dramatiquement fragilisé l’édifice étatique malien. C’est la remise sur pied rapide de l’Etat qui est aujourd’hui prioritaire parce qu’aucun début de solution à la crise du nord ne peut être trouvé dans un contexte de grande faiblesse et de divisions des autorités civiles et militaires de l’Etat central.


Slate Afrique - Assiste-t-on aussi à une montée de l’islamisme radical dans le Sud du Mali ? 


G.Y. - Il faut être prudent et précis lorsque l’on parle de l’islamisme radical parce qu’il y a une tendance à confondre des courants islamiques très variés coexistant sur les mêmes territoires, qui défendent des pratiques religieuses différentes et recourent à des moyens différents pour diffuser ou imposer leurs visions.


La justification ou non du recours à la force dans cet objectif est un des facteurs discriminants entre ces groupes. Tous les mouvements islamistes radicaux ne prônent pas l’usage de la violence. Au Mali, au nord comme au sud, des groupes se réclamant chacun d’un Islam plus authentique que l’autre, tentent depuis des années de «convertir» les musulmans à des pratiques spécifiques, allant généralement dans le sens d’une application rigoureuse sinon littérale de la charia (loi islamique).

Au Mali comme dans beaucoup de pays africains à dominante musulmane ou chrétienne, des prêcheurs venus d’ailleurs se sont progressivement implantés. C’est aussi une dimension de la mondialisation, généralement ignorée. Au nord du Mali, un rapport de Crisis Group soulignait en 2005 l’activité de prêcheurs pakistanais du courant Jama’at Al-Tabligh (ou Da’wa) d’origine asiatique. L’ancien rebelle touareg aujourd’hui chef d’Ansar Dine Iyad Ag Ghali était devenu le leader spirituel des Tablighis au Mali.

Il faut donc comprendre que l’agenda islamiste – dans le sens de la diffusion d’une nouvelle manière pour des populations musulmanes de vivre au quotidien leur foi - n’est pas apparu subitement au nord du Mali. Cela est vrai aussi au sud. Des courants importés d’ailleurs, que ce soit du Pakistan ou de l’Arabie saoudite, influencent les dynamiques religieuses locales et conduisent à la modification des pratiques de groupes de plus en plus importants au sein de la communauté musulmane, dans un sens plus conservateur, et pour certains, dans un extrémisme qui peut tolérer l’usage de la violence pour imposer leur vision de l’Islam.


Là encore, il faut décrypter les évolutions de la société malienne dans le domaine religieux  de manière fine et faire la distinction entre la montée probable d’un conservatisme religieux et celle, peu probable, d’un extrémisme flirtant avec la violence. Il faut rappeler que la mobilisation organisée par le Haut conseil islamique du Mali à Bamako contre un projet de code de la famille jugé trop progressiste et contraire aux valeurs traditionnelles de la société malienne avait poussé le gouvernement et le parlement à reculer, au grand dam des organisations de défense des droits des femmes… et de l’Homme.

Ce signe d’une puissante capacité de mobilisation d’une masse de personnes sur le thème de l’Islam – un grand stade de Bamako avait été rempli par des manifestants à l’appel du Haut Conseil -  traduit la force du conservatisme mais ne signifie pas par exemple qu’il y aurait une demande ou un désir d’imposition de la charia dans le sud du Mali. 

Slate Afrique - Les hommes du capitaine Sanogo affichent leur volonté de «nettoyer» la société et de lutter contre la corruption. Mais sont-ils eux-mêmes irréprochables? Certains d’entre ne sont-ils pas déjà impliqués dans des trafics? 


G.Y. - Chaque fois qu’un coup d’Etat est perpétré dans la région, ses auteurs proclament leur volonté de sauver la nation de la décadence incarnée par le régime destitué et se présentent comme les seuls qui soient du côté des masses exploitées par la classe dirigeante des années précédentes. Il n’y a donc rien de surprenant et de nouveau dans le discours politique de la junte malienne. Sont-ils irréprochables? Je n’en sais rien.


De fait, ceux qui jouent les premiers rôles dans la junte n’étaient pas dans des positions au sein de l’armée leur permettant de bénéficier des opportunités d’enrichissement qui s’offraient aux anciens chefs. Mais cela constitue-t-il un gage d’intégrité à toute épreuve? Comment distingue-t-on ceux qui condamnent la corruption et l’enrichissement illicite des dirigeants civils et militaires parce qu’ils abhorrent l’accaparement des ressources du pays et défendent une rupture réelle dans le mode de gouvernance de ceux qui ne sont contre la corruption et le laxisme parce qu’ils ont été exclus du cercle des profiteurs?


Propos recueillis par Pierre Cherruau